Locquirec – Plougasnou – Primel-Trégastel
Étape 29 (16 mai)
Retrouvailles avec Plougasnou.
Aujourd’hui, cela fait 1 mois que j’arpente le GR34 depuis le Mont Saint-Michel. Ce matin encore un départ relativement tôt, je m’améliore pour remballer le matériel…
Petits tournicotis dans le camping pour me remettre sur la bonne route et je pars pour la pointe au bout du port de Locquirec. Des averses sont annoncées, mais comme on passe toujours à travers je ne me pose pas trop de questions, d’autant qu’il fait déjà chaud, j’ai même fini de faire sécher un tee-shirt lavé la veille. Au bout d’un kilomètre, les premières gouttes tombent, je mets la veste softshell et la cover rain pour le sac à dos.
À peine arrivé à l’épicerie de Locquirec que ça se calme, mais quand je ressors c’est reparti, et ça va durer 2 heures d’une bonne pluie constante qui mouille bien, il me semble que c’est la première fois que je marche si longtemps sous la pluie depuis mon départ. Ça devient glissant sur le sentier les passages sur les rochers sont délicats mais les Ultra-Raptor font le job, la semelle accroche encore, les herbes hautes finissent de mouiller ce qui ne l’était pas. Cela n’entame même pas mon enthousiasme, aujourd’hui je vais à Plougasnou.
Puis d’un coup ça s’arrête et aussi vite le ciel prend une belle couleur bleue. Pour lors je commence à avoir faim, je n’ai pas pris mon second petit déjeuner (ni même la collation de 11h00), pose casse-croûte à la Pointe de Beg Ah Fry dans un endroit bien agréable et aménagé. Et me voici reparti dans les ondulations du terrain, veinées par le dessin du GR34 qui imprime son tracé sinueux et irrégulier. La pluie a donné aux couleurs des teintes saturées, le vert est vif et lumineux, l’aubépine dont les fleurs foisonnent se détache plus clairement formant des bouquets tout blancs posés ça et là.
Enfin arrive le dernier tronçon, en contre-bas de la route touristique de Guimaëc, qui mène à la plage de Saint-Jean du Doigt et Plougasnou. Pour ce passage, le topo-guide annonce sentier très escarpé, c’est trèès escarpé, dénivelé positif important (700m), je confirme ça grimpe sec et quand ça redescend c’est du brutal.
Mais qu’est ce que c’est Beau. Sans conteste la partie la plus dure, la plus sportive depuis que je vagabonde sur le sentier des douaniers et en même temps je ne veux pas que ça s’arrête, je ralentis l’allure pour faire durer le moment présent. Pourtant j’ai peiné à gravir et plonger dans ces escarpements qui contournent les larges échancrures de la falaise.
À un moment alors que je me croyais seul au monde à crapahuter dans les élévations, j’entends les pas francs et décidés d’un collègue randonneur. On va au même camping à Primel-Tregastel (même si il s’appelle Camping de Plougasnou), mais pas au même rythme, quand il est reparti il m’a scotché sur place, très vite l’orange de la housse de pluie de son sac à dos devient une petite tache colorée dans le lointain. On se reverra ce soir et demain nous ferons un bout de chemin ensemble jusqu’à Morlaix.
Puis après une dernière inflexion du terrain apparaît la belle plage de Plougasnou où tant de souvenirs attachés à ce lieu me procurent encore aujourd’hui de belles émotions. Les semaines vacances, les semaines amitiés, les semaines respire, les semaines frivolités, les semaines liberté quand je m’échappais pour un mois de l’atelier de l’usine.
La crêperie de mémé Card qui vendait aussi bien des ballons de plage que des boîtes de raviolis , des melons ou des bouteilles pour nos camping gaz, si vous aviez besoin d’un jeu de tarot ou une paire de tongs elle vous trouvait ça.
Je ne pouvais pas ne pas faire un petit pèlerinage au bourg de Plougasnou et me faire du mal à la rue de l’Oratoire où était la maison de la grand-mère. Maison maintenant en friches, noyée au milieu d’un lotissement barbecue, grillage, mobylette ou tondeuse bruyante. Avant il y avait deux maisons et l’Oratoire au bout de la rue, j’ai été très attristé la première fois que j’ai vu ce lotissement il y a quelques années. Toutefois aujourd’hui je me sens plus détaché, comme si je faisais mon deuil de cette époque.
C’est l’esprit léger que je reprends le GR34 longeant le littoral, en direction de Primel-Trégastel et son camping municipal l’accueil y est chaleureux, le camping est bien pensé et aménagé pour nous autres randonneurs, surtout cette salle avec tout ce qu’il faut pour cuisiner lire, recharger les accus pour le téléphone et s’assoir à table pour manger.
Arrivée tardive et sommeil rapide après cette étape magnifique et riche en émotions.