Le Conquet – Pointe Saint-Mathieu – Portez
Étape 43 (31 mai)
Pointe Saint-Mathieu sous le soleil
Passage à la super boulangerie du Conquet, qui était fermée hier lundi, dans la file d’attente je vois une affiche proposant une récompense à qui donnerait des indices sur les personnes qui ont volé un chien.
Voler un chien… presque sous les yeux de son maître.
Un dernier regard sur Le Conquet et je m’élance sur le GR34 vers la Pointe Saint-Mathieu. Je n’ai jamais eu trop de chance lors de mes visites à la Pointe Saint-Mathieu, j’ai l’impression que chaque fois que j’y suis venu le temps était grisâtre, aujourd’hui rattrapera tout. Le soleil est radieux, quel bonheur d’être là en cette heure encore matinale, il n’y a quasiment personne.
Le site de la Pointe Saint-Mathieu est grandiose, comme emprunt de sérénité, l’abbaye Bénédictine doit diffuser encore quelques restes d’ondes mystiques et méditatives. L’abbaye a cessé d’être définitivement en 1790, les ruines actuelles remontent à un premier monastère bénédictin qui date du XIe et siècle. C’est aussi un départ pour le voyage de Saint-Jacques de Compostelle. Le phare haut de 37m date de 1835, il est construit avec le granit de l’Aber Ildut.
En ce dernier jour de mai, la lumière est d’une rare pureté et le regard porte très loin.
Je vois clairement Ouessant et Molène qui scintillent avec au milieu Kéréon, le phare des Pierres noires, puis la Pointe du Toulinguet suivi de Camaret et son Tas de pois, le Cap de la Chèvre prolongé par la Pointe du Raz et le Phare de la Vieille, même les éoliennes de Goulien au Cap Sizun sont visibles, plus loin encore l’île de Sein et son phare et sur la ligne d’horizon une forme qui s’élève au dessus de la mer, peut être ArMen (l’Enfer des Enfers), tout cela dans une lumière magique où le ciel et la Mer d’Iroise fusionnent en une ligne profonde et reculée.
Jean Cocteau parlait du temps qui passe et que rien ne semble arrêter. Il disait que parfois le Beau pouvait créer une déchirure dans cette linéarité en immortalisant des images qui perdureront dans l’enchaînement infini des secondes qui s’égrènent. Bon c’est mieux dit par l’auteur, mais l’idée générale est là. Et c’est exactement ce que je ressens en ces moments contemplatifs.
Il faut bien quitter ce moment féerique. Le sentier des douaniers revêt ses habits printaniers ornés des verts de la végétation qui danse sous la caresse du vent et bordés par des haies jaunes de moutarde sauvage. Il serpente joyeusement au gré des falaises, me rappelant mes pérégrinations dans les Côtes d’Armor. Tantôt pierreux et abrupt tantôt sableux, il ondoie dans la colline offrant des points de vue de toute beauté sur les falaises et le camaïeu de bleu, de vert qui teinte la mer d’Iroise.
Il me tarde d’arriver à Portez, aujourd’hui j’ai des douleurs un peu partout, je mets cela sur le compte de mes vaillantes baskets qui arrivent au bout de leurs possibilités, demain l’équipe d’assistance MJM m’apporte une nouvelle paire.
Je rencontre une famille qui fait le GR34 en entier dans l’autre sens en direction du Mont Saint-Michel. Il y a Madame, Monsieur, le grand fiston et leur compagnon à quatre pattes, ils sont partis de Saint-Nazaire le 8 avril, essentiellement en bivouac, on s’raconte nos aventures, nos joies, nos quelques galères, chouettes moments plein de complicité. Ils me commentent ce qu’ils ont vus et que je dois encore découvrir, je leur parle du Finistère nord des sublimes Côtes d’Armor qui les attendent ces prochaines semaines.
Je passe devant le fort de Bertheaume tout endormi, niché sur sur son ilot sentinelle sur le goulet de Brest. Après la belle plage de Sainte-Anne le camping Municipal de la Plage de Portez arrive comme une délivrance. Le camping est bien situé, quasiment sur le GR34 en face de la plage, je négocie un chaise à l’accueil, petit confort pour préparer et manger le repas du soir.