Ile de Batz 21 mai
Deux nuits sur l’Île de Batz
Je suis réveillé par les trilles joyeuses et sonores d’un oiseau chanteur qui salue le matin naissant. Ce qui ne m’empêche pas de me rendormir pour une bonne heure.
Sur l’Île de Batz l’auberge de jeunesse est composée de plusieurs bâtiments disséminés sur un vaste terrain en bord de mer, le petit déjeuner se prend dans une maison mimi qui fait office de cuisine. Murs très épais, basse de plafond, fenêtres réduites avec une cheminée à chaque extrémité, elle domine la mer et qui est à une encablure du continent.
Objectif du jour faire le tour de l’île de trois kilomètres de long, un kilomètre et demi au plus large.
Aujourd’hui c’est samedi, je file a travers les petites rues direction le huit à huit pour chercher ma pitance de ce jour. La seule boulangerie de l’île ayant fermé ses portes l’année dernière il me faut aller au bar tabac qui fait dépôt de pain (yen avait plus à l’épicerie), c’est livré depuis Roscoff chaque jour dans trois endroits différents. Une fois mon sac empli des victuailles de mon pique-nique je me dirige vers l’embarcadère puis cap sud-ouest pour remonter vers le nord.
En face on voit la côte derrière un chapelet de rochers émergeant des flots de la marée haute. L’île de Batz est surtout habitée dans sa partie sud, les terres sont plutôt sauvages sur le littoral et le reste est cultivé partout où c’est possible sur des centaines de parcelles façonnant les paysage de l’ile. Après la récolte des choux fleurs les champs sont plantés avec les pommes de terre, les fameuses pommes de terre de l’île de Batz, qui croissent bercées par le grondement des vagues dans le bon air salin de l’ouest, fertilisées avec les algues. Tu m’étonnes qu’elles sont bonnes.
En marchant j’ai ce sentiment, cette sensation, cette perception d’insularité, même si il est à portée de main je ne me sens plus sur le continent, on est ailleurs. J’avais déjà le même ressenti à Ouessant .
On voit pas mal de chevaux et quelques vaches placides dans un écrin d’œillets marins sur fond de mer et ciel bleu.
Comme souvent sur les îles on a un condensé d’un peu toute la Bretagne, des cultures, des landes à l’herbe rase, par endroits des bosquets de pins maritimes et de cyprès, des rochers qui pointent vers le ciel ou s’arrondissent en grandes boules semblant être posées de ci de là par un boulanger géant qui viendrait de pétrir sa pâte.
Pour la première fois depuis bien longtemps, je suis en paix avec mes ampoules, j’ai mis mes pieds dans l’eau pour une petite promenade le long de la plage de la Grève Blanche. C’est… vivifiant. Une fois rechaussé, une petite ascension pour rejoindre le sentier côtier et continuer ma petite flânerie autour de cette belle ile de Batz.
Je passe devant le jardin fondé en 1897 par Georges Delaselle qui contient plus de 2000 espèces d’arbres et plantes de tous les continents. Il l’entretiendra jusqu’à sa mort en 1944, agé de 83 ans. Par la suite le jardin ne sera plus entretenu et laissé à abandon. En 1987, une équipe de bénévoles décide de redonner vie à ce jardin, le Conservatoire du littoral devenant propriétaire du site en 1997 soutiendra le projet. Aujourd’hui les plantations luxuriantes sont à nouveau en place, dans l’esprit voulu par le fondateur. Faut dire que l’Île de Batz bénéficie la chaleur du sud grâce au Gulf Stream.
Je termine ma promenade du jour en milieu d’après midi, surprise à mon retour à l’auberge une lettre m’attend glissée dans la poche de mon pantalon lavé et suspendu ce matin avant mon départ.
Pour être sure que je reçoive sa missive, ma mie💕 a contacté la gérante de l’auberge il y a déjà quelques jours. C’est vrai que dans deux jours c’est mon anniversaire, il fallait bien caler l’envoi du courrier. Ces petits riens de la vie qui font qu’un jour imprime en lettres d’éternité son existence dans le livre des souvenirs, Merci mam.
Je profite de la quiétude du lieu pour lézarder à l’auberge.