Cap sizun – Pors-Péron – Lescléden (camping de la baie)
Etape 52 (10 juin)
Cap Sizun, plût au ciel qu’il eût fait beau.
Aujourd’hui étape difficile, difficile parce que pour rejoindre Lescléden, il y a une plus longue distance par rapport à hier, apparemment au moins autant de dénivelé et qu’avant hier j’étais prêt à me coucher sur le sentier pour y finir mes jours.
Il a plu une bonne partie de la nuit, je revêts mon pantalon de pluie. En moins d’un kilomètre les baskets et les chaussettes sont trempées. Le temps était rayonnant hier, ce ne sera pas le cas pour cette journée grise et humide.
Après la plage de Pors-Péron, le GR34 m’amène à la pointe Beuzec Cap-Sizun, puis tout de suite après, la pointe de Castel-Coz et toute cette journée je vais suivre la ligne sinueuse de la côte de pointes en pointes. Le sentier des douaniers se marie aux contours des falaises s’élevant et s’abaissant au rythme des anfractuosités de la côte bien ciselée. Je fais même une descente vers une plage, ce sera surement la seule du jour.
La silhouette du cap de la chèvre ne me quitte pas, au fil de la journée la vue de la côte abritée et couverte de pins maritimes cédera sa place à la pointe du cap et son sémaphore.
Comme hier c’est un déroulement de falaises qui ondulent par dessus la mer hérissées de blocs de pierres granitiques qui couvrent la lande.
Des vagues furieuses, se tordant en rouleaux puissants, assaillent le rempart de roches sombres au ras des flots sauvages et explosent en gerbes écumantes. Le bruit profond, caverneux du déferlement de la houle semble faire écho à quelque orage courroucé sévissant quelque part sur une mer lointaine.
Depuis deux jours le randonneur reprend des couleurs, avançant, fatigué mais vaillamment sur les chemins du Cap Sizun, se permettant même quelques excentricités, du genre s’arrêter à mi-pente pour contempler le paysage, un mollet en extension; il faudra attendre de longues minutes avant que le dit mollet cesse de manifester son indignation.
Et toujours ces paysages à couper le souffle que j’admire à n’en plus finir, du vert, du blanc, du bleu profond, les falaises et les ilots qui parsèment le bord de mer m’offrent des points de vue étourdissants, même le ciel gris se teinte de subtiles nuances.
Aux environs de la pointe de Castel-ar-Roc’h j’entre dans la réserve du cap Sizun qui à pour but une gestion de la lande à l’aide de pratiques ancestrales pour (r)établir un écosystème adapté aux nombreuses espèces vivant ici.
La pointe de Kerharo est de toute beauté. Après la pointe de Brézellec mes pas me conduisent devant la buvette de Pors-Théolen, je suis obligé de m’arrêter, il n’y a qu’ici que je trouve des galettes Joubard. Attablé je les déguste sans modération accompagnées d’une bolée de Kerné rafraîchissant. Je repars tout ragaillardi oubliant de faire une photo de la buvette bleue nichée en creux dans la falaise, j’en mettrai une plus tard. Avant je buvais de l’eau sans cesse, mais depuis ma bolée ma soif est totalement étanchée.
Va p’être transformer ma poche à eau en poche à cidre…
Maintenant peu de km me séparent de Lescléden en bas de la pointe de Castelmeur et du camping de la baie où comme chaque soir je suis heureux de déposer mon sac et reposer mes articulations et tendons éprouvés, mes adducteurs semblent me laisser provisoirement en paix.
Le camping de la baie à Lescléden, lieu ou se retrouvent les aficionados des sports de glisse, vaut le détour, une vingtaine d’emplacements disponibles, pas toujours bien nivelés, sont à la disposition des campeurs et les sanitaires sont clean. L’accueil y est sympa, mais pour se faire accueillir, il faut faire le tour et aller au café-restaurant-épicerie sur la route départementale. Là on rempli une fiche bristol où sont écrits au stylo-bille les libellés : Nom, Prénom, adresse, téléphone… que l’on complète. Attablés un peu plus loin quatre clients discutent en breton tout en sirotant leur boisson, j’ai le sentiment que le temps a fait quelques petites pauses ici à Lescléden.