Baie de Douarnenez, Trez-Bellec Kervel

Etape 50 (8 juin)

Entrée dans la Baie de Douarnenez, dernier jour dans la presqu’île de Crozon.

Du coup départ très matinal, mais dès les premiers pas je sens que je n’ai pas de jus, j’ai l’impression que mon sac a pris 5 kg. Pour couronner le tout, le GR34 commence par une côte que j’ai toutes les peines à gravir, et des côtes j’en verrai toute la journée durant mon escapade dans la très belle baie de Douarnenez.

Dans la lumière du matin les paysages s’estompent dans la brume créée par l’évaporation des sols, les contours et les couleurs se mélangent au ciel vaporeux, c’est d’une délicate et subtile douceur, je reste là à contempler ce tableau harmonieux comme une suspension dans le temps.

Le sentier des douaniers contourne des champs de blé, de maïs entourés d’herbes folles rendues encore plus folles avec les produits pulvérisés sur les cultures, elles poussent gaiement dans tous les sens rendant le passage compliqué et trempé, heureusement que j’ai mon pantalon de pluie.

Même si les falaises sont moins hautes elles restent toujours marquées entraînant son lot de montées et descentes qui se succèdent. J’ai mal partout, aux hanches, aux genoux, le poids du sac est un poison pour mon dos et mes épaules, surtout du côté où ma clavicule à été cassée.

Exit le randonneur flamboyant se riant du dénivelé, aujourd’hui c’est plutôt un pénitent sous l’anathème, clopinant sur le chemin, comme chargé de tous les pêchés du monde. J’essaie quand même de mettre de l’allure pour réduire le temps de marche, depuis mon petit déjeuner je n’ai rien mangé, aucune envie d’avaler quoique ce soit, du coup je m’arrête moins longtemps, mais plus souvent pour des pauses qui me font le plus grand bien.

C’est dommage tout au long de cette étape du GR34, les paysages sont superbes, mélange de plages et de côtes sauvages haut perchées que j’entrevois plus que je ne regarde, moi qui me faisais une joie de poser mes baskets le long de cette superbe baie. Je n’ai qu’un seul objectif arriver au plus vite.

Au niveau de  la très belle plage de Sainte-Anne-la-Palud, elle aussi débarrassée de ces immondes algues vertes, je suis vraiment très heureux de voir que tout est propre jusqu’au bout de l’anse de Sainte-Anne. Après Saint-Michel-en-Grève, c’est réconfortant de voir que des solutions peuvent être mises en œuvre pour pallier à cette pollution. J’ai souvenir d’être passé à Sainte-Anne-La-Palud il y a quelques années où des tracteurs chargés d’évacuer ces algues avaient transformé  la route en patinoire tellement ils faisaient de trajets depuis la plage vers le lieu de stockage.

Quand j’arrive  à Kervel où se trouve le camping Pré de la mer je suis fourbu, exténué, en plus je ne vois aucune trace d’un quelconque terrain de camping, qui ne devrait pas être trop loin. Pas de  pancarte, personne à qui demander, j’appelle une nouvelle fois et là, super enfin ça décroche, le patron m’explique le chemin depuis la plage, il faut monter la côte sur environ 600m puis c’est à gauche à l’intersection, je m’installe où je veux.

La côte c’est l’Himalaya et les mètres s’étirent douloureusement, chaque seconde d’effort s’imprime en moi comme pour m’éloigner de mon but. Quand finalement j’arrive au camping, comme chaque jour, je mets ma tente à sécher, je fais cela avec des gestes mécaniques et j’en profite pour m’allonger dans l’herbe sous les chauds rayons du soleil.

Je dormirai une bonne demi heure, effet salutaire. Quand le gérant du camping revient je me suis déjà douché, je paye mon écot et file me faire chauffer un sachet de couscous accompagné de rien, pas envie d’autre chose.

Vite la vaisselle et je m’installe sous la guitoune pour le dodo du bienheureux, jusqu’à 7h30 le lendemain, 12h00 d’un sommeil régénérant.

Encore une fois dommage pour la baie de Douarnenez, il faudra que je trouve le temps de refaire cette belle étape du GR34 revoir Pentrez, Sainte-Anne-La-Palud ou la Pointe De Tréfeuntec.