Ménéham Mélédan (Plouguerneau)

Étape 37 (25 mai)

En route pour l’Île Vierge près de Plouguerneau

Réveil à 6h30, chouette il ne pleut pas, je remballe vite fait et me fais un petit café pain barre de céréales. Aujourd’hui je mets tout l’attirail de pluie, la météo annonce des averses jusqu’en début d’après-midi.

Je pars pour Plouguerneau par la féérique Côte des Légendes sous un ciel gris laissant filtrer quelques rayons de soleil palots. Tout est plus joli dans la lumière du jour naissant, pour nous pays privilégiés, promesse d’une belle journée pour certains, de galère pour d’autres. Mais au moins nous sommes à l’abri de la folie de quelques uns qui entraînent des peuples dans des guerres destructrices, ou de l’appât du gain d’autres qui asservissent des nations entières sans état d’âme. Mes petites actions ne pourront pas changer le monde mais je peux l’espérer meilleur avec toute la force de mes pensées, un peu comme le dit Nino Ferrer,

où on aurait pu vivre plus d’un million d’années…

Je repasse par le village de Ménéham et son histoire bien singulière, d’abord caserne au 17ème siècle puis poste de douane au 18ème et enfin logis de pécheurs et goémonier jusque dans les années 80, aujourd’hui entièrement réhabilité et conservé en l’état tel qu’il était au 19ème siècle. Le poste de guet logé entre les rochers vaut le coup d’œil.

C’est déroutant, sur le GR34 depuis plusieurs jours je marche la plupart du temps dans du sable comme celui de la plage en contrebas, c’est super l’été quand on tombe les tongs et qu’on n’a comme bagage qu’une serviette et un livre de sudoku, mais en randonnée les pieds s’enfoncent profondément, les chaussures se remplissent de sable qu’il faut vider régulièrement et la progression est plus traumatique et lente. Du coup je passe sur les côtés où fais quelque détours.

Qui dit sable, dit érosion accélérée parfois contenue par des enrochements, parfois laissée tel quel. J’ai conscience que le sentier que j’ai la chance d’emprunter aujourd’hui n’existera plus, sur bien des tronçons, d’ici quelques années.

En attendant je savoure ces journées privilèges sur la Côte des légendes où je suis tout ébaubi par les plages petites et longues qui s’étirent l’une après l’autre tout le long de la côte. Je n’imaginais pas qu’elles soient si nombreuses dans les Côtes d’Armor ou le Finistère dans sa partie nord.

Les rochers posés depuis des temps immémoriaux qui émergent un peu partout attirent également mon regard, me questionnent sur la durée, le temps, le temps d’une vie, le temps géologique, le passé, l’avenir et le présent qui essaie de se faire une place entre les deux. Et moi qui marche sur la grève oubliant le poids du sac à dos, les pensées surfant sur la vague perpétuelle, humant les fragrances marines. La plupart du temps tous ces paysages s’offrent à moi tout seul, je ne suis pas habitué à tant recevoir.

Au loin je vois le phare élancé de l’Île Vierge et l’arrivée au camping du phare de l’île vierge est la bienvenue pour mon mes membres fatigués et mon pied gauche dont les orteils qui depuis quelques kilomètres, viennent buter régulièrement sur le bout de ma chaussure.

Connaissant les lieux je me permets un petit raccourci pour arriver plus vite. Il y a un vent très fort ce soir, ma tente sèche en quelques minutes, par contre ça remue beaucoup pour le montage.

Allongé sur mon matelas gonflable, bien au chaud dans mon duvet, le bruit des vagues s’échouant sur la grève me berce et m’entraîne doucement vers un sommeil réparateur.

Mon c… les vagues font un barouf pas possible, ça cogne de partout, j’avais envie d’appeler Poséidon pour lui dire de calmer ses ouailles.
Finalement je me suis endormi avant.